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Verdict attendu au procès de la mère accusée d'avoir empoisonné ses filles
information fournie par AFP 03/12/2025 à 04:32

Photo de la salle de la cour d'assises des Landes de Mont-de-Marsan où s'est ouvert le procès d'une mère accusée d'avoir empoisonné ses filles aux médicaments le 24 novembre 2025 ( AFP / Gaizka IROZ )

Photo de la salle de la cour d'assises des Landes de Mont-de-Marsan où s'est ouvert le procès d'une mère accusée d'avoir empoisonné ses filles aux médicaments le 24 novembre 2025 ( AFP / Gaizka IROZ )

Empoisonnement ou suicide? La cour d'assises des Landes rend son verdict mercredi pour Maylis Daubon, accusée d'avoir "attenté à la vie" de ses deux filles en les bourrant de médicaments, ce qu'elle nie en affirmant que l'aînée, décédée, s'est donné la mort.

Après le réquisitoire de l'avocat général et les plaidoiries de la défense, jurés et magistrats se retireront pour délibérer sur la culpabilité de cette femme de 53 ans qui clame son innocence depuis l'ouverture du procès, le 24 novembre.

Le 13 novembre 2019, Enea, 18 ans, déscolarisée depuis plus d'un an, se trouve au domicile familial de Dax. Souffrant de troubles psychologiques, suivie par un infirmier à domicile qui lui administre ses traitements, cette jeune fille rêveuse au look gothique passe ses journées dans sa chambre à lire, dessiner et regarder des films.

Prise d'une crise de convulsions en fin de matinée, le Samu la découvre dans son lit et, alors qu'elle ne respire plus, la réanime. Mais elle succombe six jours plus tard à l'hôpital.

L'enquête révèle qu'elle a pris du Propranolol, un bêta-bloquant qui ralentit l'activité du cœur, à un taux "dix fois supérieur à la dose thérapeutique".

L'année précédente, ce médicament lui avait été prescrit pour soigner des migraines mais aucune ordonnance ne lui avait été délivrée en 2019. Comment a-t-elle pu ingurgiter la cinquantaine de cachets, au moins, qui lui ont été fatals?

- "Vulnérabilité chimique" -

Pour l'accusation, Maylis Daubon, qui a mené l'adolescente chez une trentaine de médecins, lui faisait prendre des substances "de nature à entraîner la mort" depuis le début de l'année 2018.

Selon une experte en toxicologie entendue à l'audience, cette surmédication a placé Enea dans un état de "vulnérabilité chimique", qui a pu entraîner l'abolition de son libre arbitre et permettre éventuellement à un tiers de lui "suggérer des actes".

Une perquisition a permis de découvrir des cachets de Propranolol dans la chambre de la mère, cachés dans un emballage de suppositoires, ainsi que dans le vaisselier du salon.

Des éléments de preuve dans le procès de Maylis Daubon sont présentés au tribunal, le 24 novembre 2025 à Mont-de-Marsan (Landes) ( AFP / Gaizka IROZ )

Des éléments de preuve dans le procès de Maylis Daubon sont présentés au tribunal, le 24 novembre 2025 à Mont-de-Marsan (Landes) ( AFP / Gaizka IROZ )

Confrontée aux "incohérences" relevées dans ses déclarations, aux soupçons de falsifications d'ordonnances, l'accusée a persisté à l'audience dans ses dénégations, répondant aux questions d'une voix souvent gémissante quand elle ne gardait pas la tête baissée dans le box.

"Je suis une mère qui pose problème, je le sais", a concédé Maylis Daubon, dont la "théâtralité", la "victimisation" et la "mythomanie" ont été pointées à l'audience.

Mais "je suis terrorisée d'être ici, accusée de faits horribles" que "rien au monde n'aurait pu me faire commettre", a-t-elle lancé à la cour en maintenant qu'Enea s'est suicidée, thèse partagée par la famille Daubon.

- Défendue par la cadette -

Après sa mise en examen et son incarcération en 2022, les soupçons s'étaient renforcés à l'égard de l'accusée l'année suivante quand des analyses effectuées sur sa fille cadette, Luan, ont révélé notamment une prise importante de Zopiclone.

Cet antidépresseur est réservé aux adultes, alors qu'elle était mineure à l'époque, et que sa mère bénéficiait, elle, de nombreuses prescriptions pour ce traitement.

Agée de 22 ans aujourd'hui, la sœur d'Enea n'a jamais incriminé sa mère. Au procès, elle a maintenu qu'elle n'était "pas coupable", revenant sur son enfance "heureuse" mais "compliquée" par le divorce des parents et des violences imputées au père, Yannick Reverdy.

Yannick Reverdy s'adresse à la presse, le 24 novembre 2025 à Mont-de-Marsan (Landes) ( AFP / Gaizka IROZ )

Yannick Reverdy s'adresse à la presse, le 24 novembre 2025 à Mont-de-Marsan (Landes) ( AFP / Gaizka IROZ )

Cet ancien international de handball, qui avait divorcé de Maylis Daubon en 2009, a ensuite perdu contact avec ses filles. Pour lui, l'accusée s'est servi d'elles comme "outil de sa vengeance" contre lui.

Devant la cour, une psychologue de la Protection de l'enfance a renouvelé l'hypothèse, balayée par la défense, d'un "syndrome de Münchhausen par procuration", qui conduit un parent à exagérer ou provoquer des problèmes de santé sérieux chez son enfant, afin d'attirer l'attention ou la compassion sur lui-même.

Un expert psychiatre, lui, a décrit "l'emprise" que la mère exerçait sur ses filles, vouée à "s'aggraver" à mesure qu'elles grandiraient, doublée d'une volonté d'"éliminer le père".

Outre l'empoisonnement d'Enea et Luan, Maylis Daubon est aussi soupçonnée d'avoir voulu faire assassiner son ex-mari en soudoyant des codétenues à la prison de Pau.

Des "ragots de prison", a balayé mardi l'accusée.

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